巴黎的忧郁

昨夜西风凋碧树,独上高楼,望尽天涯路。
正文

致读者 - 波德莱尔《恶之花

(2008-04-20 14:01:46) 下一个
波德莱尔与巴黎

   Charles Baudelaire 1821-1867,法国象征派诗歌的先驱)

       置身巴黎,有一天怎能不邂逅波德莱尔?再读他的《恶之花》,比之在国内雾里看花又有不同。对比中文的翻译,计划一首首地拜读《恶之花》诗册的法语原文。但第一首诗《致读者》就发现不同翻译作者有不同的翻译风格和句子结构,对诗的领会不尽相同,跟自己的理解也不是完全的相同。所以也跃跃欲试,想自己翻译一下,因为实在喜欢这首诗字里行间传出的力量。

       这里是姑妄试之的结果,原文每一节1和4句压韵,2和3压韵。我自译的这首诗更希望在文意上和原文相附,而没在音节上花心思。有感兴趣的朋友,很高兴可以共同探讨。

《恶之花》-致读者


愚蠢,误,罪恶,吝啬

占据着我们的心灵,折磨着我们的身体,

我们滋润着自己可爱的悔恨,

就像乞丐喂养他们身上的白虱

 

我们的罪顽固不化,我们的悔懦弱疲塌;

在供词得到了索求的丰厚报酬后,

快乐地  我们踏上泥泞的小路

自以为  廉价的眼泪洗去了我们所有的污点。

 

恶的枕头上,躺着三倍厉害的撒旦 -

他长久地抚慰着我们受魅惑的灵魂。

我们贵重金属般的意志,全部地

被这个高明的化学家化为轻烟。

 

是魔鬼用手里的线牵着我们啊!

可憎的物品里,我们发现的是诱惑;

每天,我们毫不恐惧地

穿过恶臭的黑暗,

向地狱迈进一步。

 

个可怜的荡人亲吻吮吸

老妓女受尽折磨的乳房

我们狠劲地握路上尝到的

不可告人的乐趣,像在榨一个老桔子。

 

如百万蠕虫, 一群恶魔蚁聚挤压

在我们的大脑里,大吃大喝。

我们一呼吸,肺里的死神

同无形的大河,

带着沉闷的呻吟

奔流而

 

如果强奸毒杀匕首的可人图案

都没有点缀好我们可悲命运的平庸的油画布,

那是因为我们的灵魂啊,

不够大胆放肆。

 

在我们肮脏的罪的动物园里,

魔怪们爬行在豺狼 虎豹母猎狗

猴子蝎子秃鹭毒蛇中,

尖叫着, 嚎着, 嗷着。


其中有一个最丑陋, 最狠毒, 最下流 !

他不大张旗鼓,也不尖叫,

却会把大地变成残片,

打着呵欠,他能吞没整个世界。


这就是“厌倦”!- 泪不由地盈满眼框,

他抽着水烟筒,梦着断头台。

读者,你认识这个难对付的魔怪

虚伪的读者啊,

我的同类,–我的兄弟。


Au lecteur

La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie.

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C'est l'Ennui ! - l'oeil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère 
 

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