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莫泊桑《我的叔叔于勒》

(2009-04-20 08:37:54) 下一个
Mon oncle Jules  by Guy de Maupassant

  居伊·德·莫泊桑(Guy de Maupassant 1850--1893) :19世纪后半期法国优秀的批判现实主义作家,曾拜法国著名作家福楼拜为师。一生创作了6部长篇小说和350多篇中短篇小说,他的文学成就以短篇小说最为突出,是与契诃夫欧·亨利并列的世界三大短篇小说巨匠之一,对后世产生极大影响。他擅长从平凡琐屑的事物中截取富有典型意义的片断,以小见大地概括出生活的真实。他的短篇小说构思别具匠心,情节变化多端,描写生动细致,刻画人情世态惟妙惟肖,令人读后回味无穷。




Un vieux pauvre, à barbe blanche, nous demanda l'aumône. Mon camarade Joseph Davranche lui donna cent sous. Je fus surpris. Il me dit:

- Ce misérable m'a rappelé une histoire que je vais te dire et dont le souvenir me poursuit sans cesse. La voici :

Ma famille, originaire du Havre, n'était pas riche. On s'en tirait, voilà tout. Le père travaillait, rentrait tard du bureau et ne gagnait pas grand-chose. J'avais deux soeurs.

Ma mère souffrait beaucoup de la gêne où nous vivions, et elle trouvait souvent des paroles aigres pour son mari, des reproches voilés et perfides Le pauvre homme avait alors un geste qui me navrait. Il se passait la main ouverte sur le front, comme pour essuyer une sueur qui n'existait pas, et il ne répondait rien. Je sentais sa douleur impuissante. On économisait sur tout ; on n'acceptait jamais un dîner, pour n'avoir pas à le rendre ; on achetait les provisions au rabais, les fonds de boutique Mes soeurs faisaient leurs robes elles-mêmes et avaient de longues discussions sur le prix du galon qui valait quinze centimes le mètre. Notre nourriture ordinaire consistait en soupe grasse et boeuf accommodé à toutes les sauces Cela est sain et réconfortant, parait-il ; j'aurais préféré autre chose.

On me faisait des scènes abominables pour les boutons perdus et les pantalons déchirés.

Mais chaque dimanche nous allions faire notre tour de jetée en grande tenue.

Mon père, en redingote, en grand chapeau, en gants, offrait le bras à ma mère, pavoisée comme un navire un jour de fête. Mes soeurs, prêtes les premières, attendaient le signal du départ ; mais, au dernier moment, on découvrait toujours une tache oubliée sur la redingote du père de famille, et il fallait bien vite l'effacer avec un chiffon mouillé de benzine.

Mon père, gardant son grand chapeau sur la tête, attendait, en manches de chemise, que l'opération fût terminée, tandis que ma mère se hâtait, ayant ajusté ses lunettes de myope, et ôté ses gants pour ne les pas gâter.

On se mettait en route avec cérémonie. Mes soeurs marchaient devant, en se donnant le bras. Elles étaient en âge de mariage, et on en faisait montre en ville. Je me tenais à gauche de ma mère, dont mon père gardait la droite. Et je me rappelle l'air pompeux de mes pauvres parents dans ces promenades du dimanche, la rigidité de leurs traits, la sévérité de leur allure. Ils avançaient d'un pas grave, le corps droit, les jambes raides, comme si une affaire d'une importance extrême eût dépendu de leur tenue.

Et chaque dimanche, en voyant entrer les grands navires qui revenaient de pays inconnus et lointains, mon père prononçait invariablement les mêmes paroles :

- Hein ! si Jules était là-dedans, quelle surprise ! Mon oncle Jules, le frère de mon père, était le seul espoir de la famille, après en avoir été la terreur. J'avais entendu parler de lui depuis mon enfance, et il me semblait que je l'aurais reconnu du premier coup, tant sa pensée m'était devenue familière. Je savais tous les détails de son existence jusqu'au jour de son départ pour l'Amérique, bien qu'on ne parlât qu'à voix basse de cette période de sa vie.

Il avait eu, parait-il, une mauvaise conduite, c'est-à-dire qu'il avait mangé quelque argent, ce qui est bien le plus grand des crimes pour les familles pauvres. Chez les riches, un homme qui s'amuse fait des bêtises. Il est ce qu'on appelle en souriant, un noceur. Chez les nécessiteux, un garçon qui force les parents à écorner le capital devient un mauvais sujet, un gueux, un drôle

Et cette distinction est juste, bien que le fait soit le même, car les conséquences seules déterminent la gravité de l'acte.

Enfin l'oncle Jules avait notablement diminué l'héritage sur lequel comptait mon père ; après avoir d'ailleurs mangé sa part jusqu'au dernier sou.

On l'avait embarqué pour l'Amérique, comme on faisait a lors, sur un navire marchand allant du Havre à New York

Une fois là-bas, mon oncle Jules s'établit marchand de je ne sais quoi, et il écrivit qu'il gagnait un peu d'argent et qu'il espérait pouvoir dédommager mon père du tort qu'il lui avait fait. Cette lettre causa dans la famille une émotion profonde. Jules, qui ne valait pas, comme on dit, les quatre fers d'un chien, devint tout à coup un honnête homme, un garçon de coeur, un vrai Davranche, intègre comme tous les Davranche.

Un capitaine nous apprit en outre qu'il avait loué une grande boutique et qu'il faisait un commerce important

Une seconde lettre, deux ans plus tard, disait : "Mon cher Philippe, je t'écris pour que tu ne t'inquiètes pas de ma santé, qui est bonne. Les affaires aussi vont bien. Je pars demain pour un long voyage dans l'Amérique du Sud. Je serai peut-être plusieurs années sans te donner de mes nouvelles Si je ne t'écris pas, ne sois pas inquiet. Je reviendrai au Havre une fois fortune faite. J'espère que ce ne sera pas trop long, et nous vivrons heureux ensemble... " Cette lettre était devenue l'évangile de la famille On la lisait à tout propos, on la montrait à tout le monde.

Pendant dix ans en effet, l'oncle Jules ne donna plus de nouvelles ; mais l'espoir de mon père grandissait à mesure que le temps marchait ; et ma mère disait souvent :

- Quand ce bon Jules sera là, notre situation changera. En voilà un qui a su se tirer d'affaire !

Et chaque dimanche, en regardant venir de l'horizon les gros vapeurs noirs vomissant sur le ciel des serpents de fumée, mon père répétait sa phrase éternelle :

- Hein ! si Jules était là-dedans, quelle surprise !

Et on s'attendait presque à le voir agiter un mouchoir, et crier :

- Ohé ! Philippe.

On avait échafaudé mille projets sur ce retour assuré ; on devait même acheter, avec l'argent de l'oncle, une petite maison de campagne près d'Ingouville. Je n'affirmerais pas que mon Père n'eût point entamé déjà des négociations à ce sujet.

L'aînée de mes soeurs avait alors vingt-huit ans ; l'autre vingt-six. Elles ne se mariaient pas, et c'était là un gros chagrin pour tout le monde.

Un prétendant enfin se présenta pour la seconde. Un employé, pas riche, mais honorable. J'ai toujours eu la conviction que la lettre de l'oncle Jules, montrée un soir, avait terminé les hésitations et emporté la résolution du jeune homme.

On l'accepta avec empressement, et il fut décidé qu'après le mariage toute la famille ferait ensemble un petit voyage à Jersey.

Jersey est l'idéal du voyage pour les gens pauvres. Ce n'est pas loin ; on passe la mer dans un paquebot et on est en terre étrangère, cet îlot appartenant aux Anglais. Donc, un Français, avec deux heures de navigation, peut s'offrir la vue d'un peuple voisin chez lui et étudier les moeurs, déplorables d'ailleurs, de cette île couverte par le pavillon britannique, comme disent les gens qui parlent avec simplicité.

Ce voyage de Jersey devint notre préoccupation, notre unique attente, notre rêve de tous les instants.

On partit enfin. Je vois cela comme si c'était d'hier : le vapeur chauffant contre le quai de Granville ; mon père, effaré, surveillant l'embarquement de nos trois colis ; ma mère inquiète ayant pris le bras de ma soeur non mariée, qui semblait perdue depuis le départ de l'autre, comme un poulet resté seul de sa couvée ; et, derrière nous, les nouveaux époux qui restaient toujours en arrière, ce qui me faisait souvent tourner la tête.

    Le bâtiment siffla. Nous voici montés, et le navire, quittant la jetée, s'éloigna sur une mer plate comme une table de marbre vert. Nous regardions les côtes s'enfuir, heureux et fiers comme tous ceux qui voyagent peu.

    Mon père tendait son ventre, sous sa redingote dont on avait, le matin même, effacé avec soin toutes les taches, et il répandait autour de lui cette odeur de benzine des jours de sortie, qui me faisait reconnaître les dimanches.

    Tout à coup, il avisa deux dames élégantes à qui deux messieurs offraient des huîtres. Un vieux matelot déguenillé ouvrait d'un coup de couteau les coquilles et les passait aux messieurs qui les tendaient ensuite aux dames. Elles mangeaient d'une manière délicate, en tenant l'écaille sur un mouchoir fin et en avançant la bouche pour ne point tacher leurs robes. Puis elles buvaient l'eau d'un petit mouvement rapide et jetaient la coquille à la mer.

    Mon père, sans doute, fut séduit par cet acte distingué de manger des huîtres sur un navire en marche. Il trouva cela bon genre, raffiné, supérieur, et il s'approcha de ma mère et de mes soeurs en demandant :
    - Voulez-vous que je vous offre quelques huîtres ?

    Ma mère hésitait, à cause de la dépense ; mais mes deux soeurs acceptèrent tout de suite. Ma mère dit, d'un ton contrarié :

    - J'ai peur de me faire mal à l'estomac. Offre ça aux enfants seulement, mais pas trop, tu les rendrais malades.

    Puis, se tournant vers moi, elle ajouta :

    - Quant à joseph, il n'en a pas besoin ; il ne faut point gâter les garçons.

    Je restai donc à côté de ma mère, trouvant injuste cette distinction. Je suivais de l'oeil mon père, qui conduisait pompeusement ses deux filles et son gendre vers le vieux matelot déguenillé.

    Les deux dames venaient de partir, et mon père indiquait à mes soeurs comment il fallait s'y prendre pour manger sans laisser couler l'eau ; il voulut même donner l'exemple et il s'empara d'une huître. En essayant d'imiter les dames, il renversa immédiatement tout le liquide sur sa redingote et j'entendis ma mère murmurer :

    - Il ferait mieux de se tenir tranquille.

    Mais tout à coup mon père me parut inquiet ; il s'éloigna de quelques pas, regarda fixement sa famille pressée autour de l'écailleur, et, brusquement, il vint vers nous. Il me sembla fort pâle, avec des yeux singuliers. Il dit, à mi-voix, à ma mère.

    - C'est extraordinaire, comme cet homme qui ouvre les huîtres ressemble à Jules.

    Ma mère, interdite, dernanda :

    - Quel Jules ?...

    Mon père reprit :

    - Mais... mon frère... Si je ne le savais pas en bonne position en Amérique, je croirais que c'est lui.

    Ma mère effarée balbutia :

    - Tu es fou ! Du moment que tu sais bien que ce n'est pas lui, pourquoi dire ces bêtises-là ?

    - Va donc le voir, Clarisse ; j'aime mieux que tu t'en assures toi-même, de tes propres yeux.

    Elle se leva et alla rejoindre ses filles. Moi aussi, je regardais l'homme. Il était vieux, sale, tout ridé, et ne détournait pas le regard de sa besogne.

    Ma mère revint. Je m'aperçus qu'elle tremblait. Elle prononça très vite :

    - Je crois que c'est lui. Va donc demander des renseignements au capitaine. Surtout sois prudent, pour que ce garnement ne nous retombe pas sur les bras, maintenant !

    Mon père s'éloigna, mais je le suivis. Je me sentais étrangement ému.

    Le capitaine, un grand monsieur, maigre, à longs favoris, se promenait sur la passerelle d'un air important, comme s'il eût commandé le courrier des Indes.

    Mon père l'aborda avec cérémonie, en l'interrogeant sur son métier avec accompagnement de compliments :

    Quelle était l'importance de Jersey ? Ses productions ? Sa population ? Ses moeurs ? Ses coutumes ? La nature du sol, etc., etc.

    On eût cru qu'il s'agissait au moins des Etats-Unis d'Amérique.

    Puis on parla du bâtiment qui nous portait, l'Express, puis on en vint à l'équipage. Mon père, enfin, d'une voix troublée :

    - Vous avez là un vieil écailleur d'huîtres qui parait bien intéressant. Savez-vous quelques détails sur ce bonhomme ?

    Le capitaine, que cette conversation finissait par irriter, répondit sèchement :

    - C'est un vieux vagabond français que j'ai trouvé en Amérique l'an dernier, et que j'ai rapatrié. Il a, parait-il, des parents au Havre, mais il ne veut pas retourner près d'eux, parce qu'il leur doit de l'argent. Il s'appelle Jules... Jules Darmanche ou Darvanche, quelque chose comme ça, enfin. Il parait qu'il a été riche un moment là-bas, mais vous voyez où il en est réduit maintenant.

    Mon père, qui devenait livide, articula, la gorge serrée, les yeux hagards :

    - Ah' ah, très bien... fort bien... Cela ne m'étonne pas... Je vous remercie beaucoup, capitaine.

    Et il s'en alla, tandis que le marin le regardait s'éloigner avec stupeur.

    Il revint auprès de ma mère, tellement décomposé qu'elle lui dit :

    - Assieds-toi ; on va s'apercevoir de quelque chose.

    Il tomba sur le banc en bégayant : 

    - C'est lui, c'est bien lui !

    Puis il demanda.

    - Qu'allons-nous faire ?...

    Elle répondit vivement.

    - Il faut éloigner les enfants. Puisque Joseph sait tout, il va aller les chercher. Il faut prendre garde surtout que notre gendre ne se doute de rien.

    Mon père paraissait atterré. Il murmura :

    - Quelle catastrophe !

    Ma mère ajouta, devenue tout à coup furieuse :

    - Je me suis toujours doutée que ce voleur ne ferait rien, et qu'il nous retomberait sur le dos ! Comme si on pouvait attendre quelque chose d'un Davranche !... Et mon père se passa la main sur le front, comme il faisait sous les reproches de sa femme.

    Elle ajouta :

    - Donne de l'argent à Joseph pour qu'il aille payer ces huîtres, à présent. Il ne manquerait plus que d'être reconnu par ce mendiant. Cela ferait un joli effet sur le navire. Allons-nous-en à l'autre bout, et fais en sorte que cet homme n'approche pas de nous !

    Elle se leva, et ils s'éloignèrent après m'avoir remis une pièce de cent sous.

    Mes soeurs, surprises, attendaient leur père. J'affirmai que maman s'était trouvée un peu gênée par la mer, et je demandai à l'ouvreur d'huîtres :

    - Combien est-ce que nous vous devons, monsieur ?

    J'avais envie de dire : mon oncle.

    Il répondit :

    - Deux francs cinquante.

    Je tendis mes cent sous et il me rendit la monnaie.

    Je regardais sa main, une pauvre main de matelot toute plissée, et je regardais son visage, un vieux misérable visage, triste, accablé, en me disant :

    "C'est mon oncle, le frère de papa, mon oncle !"

    Je lui laissai dix sous de pourboire. Il me remercia :

    - Dieu vous bénisse, mon jeune monsieur !

    Avec l'accent d'un pauvre qui reçoit l'aumône. Je pensai qu'il avait dû mendier, là-bas !

    Mes soeurs me contemplaient, stupéfaites de ma générosité.

    Quand je remis les deux francs à mon père, ma mère, surprise, demanda :

    - Il y en avait pour trois francs ?... Ce n'est pas possible.

    - J'ai donné dix sous de pourboire.

    Ma mère eut un sursaut et me regarda dans les yeux :

    - Tu es fou ! Donner dix sous à cet homme, à ce gueux !...

    Elle s'arrêta sous un regard de mon père, qui désignait son gendre.

    Puis on se tut.

    Devant nous, à l'horizon, une ombre violette semblait sortir de la mer. C'était Jersey.

    Lorsqu'on approcha des jetées, un désir violent me vint au coeur de voir encore une fois mon oncle Jules, de m'approcher, de lui dire quelque chose de consolant, de tendre.

    Mais, comme personne ne mangeait plus d'huîtres, il avait disparu, descendu sans doute au fond de la cale infecte où logeait ce misérable.

    Et nous sommes revenus par le bateau de Saint-Malo, pour ne pas le rencontrer. Ma mère était dévorée d'inquiétude.

    Je n'ai jamais revu le frère de mon père !

    Voilà pourquoi tu me verras quelquefois donner cent sous aux vagabonds.

7 août 1883



我的叔叔于勒

莫泊桑

    一个白胡子穷老头儿向我们讨钱。我的同伴约瑟夫·达夫朗什竟给了他一个五法郎的银币。我感到很惊奇。于是他对我说。

    这个穷汉使我回想起了一件事,这件事我一直记在心上,念念不忘,我这就讲给您听。事情是这样的。 

    我的家庭原籍勒阿弗尔,并不是有钱人家,也就是勉强度日罢了。我的父亲做事,很晚才从办公室回来,挣的钱不多。我有两个姐姐。 

    我的母亲对我们的拮据生活感到非常痛苦,她常常找出一些尖酸刻薄的话,一些含蓄、恶毒的责备话发泄在我的父亲身上。这个可怜人这时候总做出一个手势,叫我看了心里十分难过。他总是张开了手摸一下额头,好像要抹去根本不存在的汗珠,并且总是一句话也不回答。我体会到他那种无可奈何的痛苦。那时家里样样都要节省;有人请吃饭是从来不敢答应的,以免回请;买日用品也是常常买减价的日用品和店铺里铺底的存货。姐姐们自己做衣服,买十五个铜子一米的花边时还常常要在价钱上争论半天。我们日常吃的是肉汤和用各种方式做的牛肉。据说这又卫生又富于营养,不过我还是喜欢吃别的东西。 

    我要是丢了钮子或是撕破了裤子,那就要狠狠地挨一顿骂。 

    可是每星期日我们都要衣冠整齐地到防波堤上去散步。我的父亲穿着礼服,戴着礼帽,套着手套,让我母亲挽着胳膊;我的母亲打扮得五颜六色,好像节日悬万国旗的海船。姐姐们总是最先打扮整齐,等待着出发的命令;可是到了最后一刻,总会在一家之主的礼服上发现一块忘记擦掉的污迹,于是赶快用旧布蘸了汽油来把它擦掉。 

    于是我的父亲头上依旧顶着大礼帽,只穿着背心,露着两只衬衫袖管,等着这道手续做完;在这时候,我的母亲架上她的近视眼镜,脱下了手套,免得弄脏它,忙得个不亦乐乎。 

    全家很隆重地上路了。姐姐们挽着胳膊走在最前面。她们已经到了出嫁的年龄,所以常带她们出来叫城里人看看。我依在我母亲的左边,我父亲在她的右首。我现在还记得我可怜的双亲在星期日散步时候那种正言厉色、举止庄重、郑重其事的神气。他们挺直了腰,伸直了腿,迈着沉着的步伐向前走着,就仿佛他们的态度举止关系着一桩极端重要的大事。 

    每个星期日,只要一看见那些从辽远的陌生地方回来的大海船开进港口,我的父亲总要说他那句从不变更的话: 

    “!如果于勒就在这条船上,那会多么叫人惊喜呀!”

    我父亲的弟弟于勒叔叔是全家惟一的希望,而在这以前曾经是全家的祸害。我从小就听家里人谈论这位叔叔,我对他已是那样熟悉,大概一见面就能立刻认出他来。他动身到美洲去以前的生活,连细枝末节我都完全知道,虽然家里人谈起他这一段生活总是压低了声音。 

    据说他当初行为很不端正,就是说他曾经挥霍过一些钱财,这在穷人的家庭里是罪恶当中最大的一种。在有钱人的家里,一个人吃喝玩乐无非算是糊涂荒唐。大家笑嘻嘻地称呼他一声花花公子。在生活困难的家庭里,一个人要是逼得父母动老本儿,那他就是一个坏蛋,一个流氓,一个无赖了。 

    虽然事情是一样的事情,这样区别开来还是对的,因为行为的好坏,只有结果能够决定。 

    总之,于勒叔叔把自己应得的那部分遗产吃得一干二净之后,还大大减少了我父亲所指望的那一部分。 

    按照当时的惯例,他被送上一只从勒阿弗尔开往纽约的商船,到美洲去了。 

    一到了那里,我这位于勒叔叔就做上了不知什么买卖,不久就写信来说他赚了点钱,并且希望能够赔偿我父亲的损失。这封信在我的家庭里引起了极大的震动。于勒,大家都认为分文不值的于勒,一下子成了正直好人,有良心的人,达夫朗什家的好子弟,跟所有达夫朗什家的子弟一样公正无欺了。 

    有一位船长又告诉我们,说他已租了一所大店铺,做着一桩很大的买卖。 

    两年后又接到第二封信,信上说: 

    我亲爱的菲利普,我给你写这封信是免得你担心我的健康,我身体很好。买卖也好。明天我就动身到南美去作一次长期旅行,也许要好几年不给你写信。如果真的不给你写信,你也不必担心。我发了财就会回勒阿弗尔的。我希望为期不会太远,那时我们就可以一起快活地过日子了……

    这封信成了我们家里的福音书。一有机会就要拿出来念,见人就拿出来给他看。 

    果然,十年之内于勒叔叔没有再来过信,可是我父亲的希望却在与日俱增;我的母亲也常常这样说: 

    “只要这个好心的于勒一回来,我们的境况就不同了。他可真算得一个有办法的人!”

    于是每个星期日,一看见大轮船向上空喷着蜿蜒如蛇的黑烟,从天边驶过来的时候,我父亲总是重复说他那句永不变更的话: 

    “!如果于勒就在这条船上,那会多么叫人惊喜呀!”

    简直就像是马上可以看见他手里挥着手帕叫喊: 

    “!菲利普!”

    叔叔回国这桩事十拿九稳,大家拟定了上千种计划,甚至于计划到要用这位叔叔的钱在安古维尔附近置一所别墅。我不敢肯定我的父亲是不是已经就这件事进行过商谈。 

    我的大姐那时二十八岁,二姐二十六岁。她们还没有结婚,全家都为这件事十分发愁。 

    后来终于有一个看中二姐的人上门来了。他是一个公务员,没有什么钱,但是诚实可靠。我总认为这个年轻人下决心求婚,不再迟疑,完全是因为有一天晚上我们给他看了于勒叔叔的信的缘故。 

    我们家赶忙答应了他的请求,并且决定婚礼之后全家都到泽西岛去小游一次。 

    泽西岛是穷人们最理想的游玩地点,路并不远;乘小轮船渡过海,便到了外国的土地上,因为这个小岛是属于英国的。因此,一个法国人只要航行两个钟头,就可以到一个邻国去看看这个民族,并且研究一下在大不列颠国旗覆盖下的这个岛上的风俗,那里的风俗据说话直率的人说来是十分不好的。 

    泽西岛的旅行成了我们朝思暮想、时时刻刻盼望、等待的一件事了。 

    我们终于动身了。我现在想起来还像是昨天刚发生的事:轮船靠着格朗维尔码头生火待发;我的父亲慌慌张张地监视着我们的三个包袱搬上船;我的母亲不放心地挽着我那未嫁姐姐的胳膊。自从二姐出嫁后,我的大姐就像一窝鸡里剩下的一只小鸡一样有点丢魂失魄;在我们后边是那对新婚夫妇,他们总落在后面,使我常常要回过头去看看。 

    汽笛响了。我们已经上了船,轮船离开了防波堤,在风平浪静,像绿色大理石桌面一样平坦的海上驶向远处。我们看着海岸向后退去,正如那些不常旅行的人们一样,感到快活而骄傲。 

    我的父亲高高挺着藏在礼服里面的肚子,这件礼服,家里人在当天早上仔细地擦掉了所有的污迹,此刻在他四周散布着出门日子里必有的汽油味;我一闻到这股气味,就知道星期日到了。 

    我的父亲忽然看见两位先生在请两位打扮很漂亮的太太吃牡蛎。一个衣服褴褛的年老水手拿小刀撬开牡蛎,递给了两位先生,再由他们传给两位太太。他们的吃法也很文雅,一方精致的手帕托着蛎壳,把嘴稍稍向前伸着,免得弄脏了衣服;然后嘴很快地微微一动就把汁水喝了进去,蛎壳就扔在海里。 

    在行驶着的海船上吃牡蛎,这件文雅的事毫无疑问打动了我父亲的心。他认为这是雅致高级的好派头儿,于是他走到我母亲和两位姐姐身边问道: 

    “你们要不要我请你们吃牡蛎?”

    我的母亲有点迟疑不决,她怕花钱;但是两位姐姐马上表示赞成。于是我的母亲很不痛快地说: 

    “我怕伤胃,你买给孩子们吃好了,可别太多,吃多了要生病的。

    然后转过身对着我,她又说: 

    “至于约瑟夫,他用不着吃了,别把小孩子惯坏了。

我只好留在我母亲身边,心里觉得这种不同的待遇很不公道。我一直望着我的父亲,看见他郑重其事地带着两个女儿和女婿向那个衣服褴褛的老水手走去。

先前的那两位太太已经走开,我父亲就教给姐姐怎样吃才不至于让汁水洒出来,他甚至要吃一个做做样子给她们看。他刚一试着模仿那两位太太,就立刻把牡蛎的汁水全溅在他的礼服上,于是我听见我的母亲嘟囔着说: 

    “何苦来!老老实实待一会儿多好!”

    不过我的父亲突然间好像不安起来;他向旁边走了几步,瞪着眼看着挤在卖牡蛎的身边的女儿女婿,突然他向我们走了回来。他的脸色似乎十分苍白,眼神也跟寻常不一样。他低声对我母亲说: 

    “真奇怪!这个卖牡蛎的怎么这样像于勒!”

    我的母亲有点莫名其妙,就问: 

    “哪个于勒?”

    我的父亲说: 

    “……就是我的弟弟呀……如果我不知道他现在是在美洲,有很好的地位,我真会以为就是他哩。

    我的母亲也怕起来了,她结结巴巴地说: 

    “你疯了!既然你知道不是他,为什么这样胡说八道?”

    可是我的父亲还是放不下心,他说: 

    “克拉丽丝,你去看看吧!最好还是你去把事情弄个清楚,你亲眼去看看。

    她站起身来去找她两个女儿。我也端详了一下那个人。他又老又脏,满脸都是皱纹,眼睛始终不离开他手里干的活儿。 

    我的母亲回来了。我看出她在哆嗦。她很快地说: 

    “我看就是他。去跟船长打听一下吧。可要多加小心,别叫这个小子又回来缠上咱们!”

    我的父亲赶紧去了,我这次可跟着他走了。我心里感到异常激动。 

    船长是个大高个儿,瘦瘦的,蓄着长长的颊须,他正在驾驶台上散步,那不可一世的神气,就仿佛他指挥的是一艘开往印度的大邮船。 

    我的父亲客客气气地和他搭上了话,一面恭维一面打听与他职业上有关的事情,例如:泽西是否重要?有何出产?人口多少?风俗习惯如何?土地性质如何?等等。 

    不知道内情的人还以为他们谈论的至少是美利坚合众国哩。 

    后来终于谈到我们搭乘的这只船快速号,接着又谈到船员。最后我的父亲才有点局促不安地问: 

    “您船上有一个卖牡蛎的,看上去倒很有趣。您知道点儿这个人的底细吗?”

    船长最后对这番谈话感到不耐烦了,他冷冷地回答: 

    “他是个法国老流浪汉,去年我在美洲碰到他,就把他带回国。据说他在勒阿弗尔还有亲戚,不过他不愿回去找他们,因为他欠着他们钱。他叫于勒……姓达尔芒什,或者是达尔旺什,总之是跟这差不多的那么一个姓。听说他在那边曾经一度阔绰过,可是您看他今天落魄到了什么地步。

    我的父亲脸色煞白,两眼呆直,嗓子发哽地说: 

    “!!……很好……我并不感到奇怪……谢谢您,船长。

    他说完就走了,船长困惑不解地望着他走远了。 

    他回到我母亲身旁,神色是那么张皇,母亲赶紧对他说: 

    “你先坐下吧!别叫他们看出来。

    他一屁股就坐在长凳上,嘴里结结巴巴地说道: 

    “是他,真是他!”

    然后他就问: 

    “咱们怎么办呢?……”

    我母亲马上回答: 

    “应该把孩子们领开。约瑟夫既然已经全知道了,就让他去把他们找回来。千万要留心,别叫咱们女婿起疑心。

    我的父亲好像吓傻了,低声嘟哝着: 

    “真是飞来横祸!”

    我的母亲突然大发雷霆,说: 

    “我早就知道这个贼不会有出息,早晚会再来缠上我们!倒好像一个达夫朗什家里的人还能让人抱什么希望似的!”

    我父亲用手抹了一下额头,正如平常受到太太责备时那样。 

    我母亲接着又说: 

    “把钱交给约瑟夫,叫他赶快去把牡蛎钱付清。已经够倒霉的了,要是再被这个讨饭的认出来,在这船上可就有热闹看了。咱们到船那头去,注意别叫那人挨近我们!”

    她站了起来,他们在给了我一个五法郎的银币以后,就走了。 

    我的两个姐姐等着父亲不来,正在纳闷。我说妈妈有点晕船,随即问那个卖牡蛎的: 

    “应该付您多少钱,先生?”

    我真想喊他:我的叔叔。

    他回答: 

    “两个半法郎。

    我把五法郎的银币给了他,他把找头递回给我。 

    我看了看他的手,那是一只满是皱痕的水手的手;我又看了看他的脸,那是一张贫困衰老的脸,满面愁容,疲惫不堪。我心里默念道: 

    “这是我的叔叔,父亲的弟弟,我的亲叔叔。

    我给了他半个法郎的小费,他赶紧谢我: 

    “上帝保佑您,我的年轻先生!

    说话的声调是穷人接到施舍时的声调。我心想他在那边一定要过饭。 

    两个姐姐看我这么慷慨,觉得奇怪,仔细地端详着我。 

    等我把两法郎交给我父亲,母亲诧异起来,问: 

    “吃了三个法郎?……这不可能。

    我用坚定的口气宣布: 

    “我给了半个法郎的小费。

    我的母亲吓了一跳,瞪着眼睛望着我说: 

    “你简直是疯了!拿半个法郎给这个人,给这个无赖!……”

    她没有再往下说,因为我的父亲望望女婿对她使了个眼色。 

    后来大家都不再说话。 

    在我们面前,天边远远地仿佛有一片紫色的阴影从海里钻出来。那就是泽西岛了。 

    当船驶到防波堤附近的时候,我心里产生了一种强烈的愿望:我想再看一次我的叔叔于勒,想到他身旁,对他说几句温暖的安慰话。 

    可是他已经不见了,因为没有人再吃牡蛎;毫无疑问,他已回到他所住的那龌龊的舱底了,这个可怜的人啊!

    我们回来的时候改乘圣玛洛号船,以免再遇见他。我的母亲一肚子心事,愁得了不得。 

    我再也没见过我父亲的弟弟!

    今后您还会看见我有时候要拿一个五法郎的银币给要饭的,其缘故就在于此。 



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