八月,给逃妖
文章来源: 托宝猫2013-08-29 02:58:02


三万英尺的空中
有多少道貌岸然的人
又有多少低调的妖
你也许收起薄薄双翼
穿上窈窕制服
又或者把尾巴藏在身下
蜷缩酸痛的腰

那个书生在哪里
古寺还是荒郊
他嘴里念着之乎者也
心头旌旗荡摇
你的杏黄斗篷曳地  
绣花鞋掠过泥淖
唇上有新涂的胭脂
两颊血色尽消
月光中柴门摇摇欲坠
等你来敲

有时候你站在路旁
看那些影子来去飘飘
它们吐着丝结着网
铜镜缀满锦袍
白骨手指金戒闪耀
灭火的扇子来自芭蕉
得意洋洋招摇过市
却小心避开钟家的喜轿
避开青龙偃月刀
它们对你说
喂 今天想不想吃素
我们有甘甜的葡萄

你也曾青衣小帽
骑马走过斜桥
褡裢里装满新鲜人心
还有一只闪电貂
街边有谁在轻声娇笑
满楼红袖相招
你收敛獠牙 玉面堆欢
皎皎白纸扇
莹莹碧玉箫

逃之妖妖
天涯何处有良宵
一觉睡到太阳高升
没有梦
没有惊惧
没有和尚道士咒语叨叨
醒来后也没有雄黄酒
以及菖蒲和艾蒿

你取下门前桃木剑
扔到火里去烧
用画皮的彩笔
在纸上勾勒出拍岸的惊涛
还要挖一个大坑
埋葬那张皮
埋葬那些人心
再把徒子徒孙
都变回身上的毫毛
你的呼吸沉默如惊雷
你的脚步静悄悄

八月 屋檐挂上水帘
人们在雨中慢慢晒黑
嗅嗅桂花香气
觊觎枝头熟透的桃
花盆里三条小鱼
半夜引来鬼祟黄猫
它让我想起你的杏黄斗篷
和带金黄穗子的碧玉箫
于是我打开泛黄的白纸扇
不顾墨迹模糊发潮
找到这首诗给我自己
或者给你
逃妖


附:《逃妖》法语译诗     by 老鼐 (鼓掌!鸣谢!)

Août

A l'esprit échappé

Dans l'éther insouciant et altier se promène
La discrétion des fées, la prétention humaine.
Tes ailes sont rangées ; élégante beauté,
Tu as caché ta queue, lasse et le dos courbé.

Est-ce dessous la ville ou dans un temple antique
Que le jeune lettré récite un vieux classique ?
Ton manteau sali perd sa couleur abricot
Et ton soulier brodé prend la boue du sabot.
Pour ta lèvre le sang a déserté ta joue.
La porte va tomber, si la lune te voue.

Du chemin quelquefois tu vois se balancer
Des ombres. Décharnés, leurs doigts savent tisser
La toile et le dédain. Leurs robes somptueuses,
Le bronze des miroirs, leurs bagues orgueilleuses,
L'éventail extincteur en bois de bananier,
Se détournent quand luit le sabre du sorcier.
Tu les entends : « Amie, si tu veux manger maigre,
Goûte, voici des fruits : le raisin n'est pas aigre. »

Jadis, en robe bleue, à cheval tu passais,
Chargé d'un fier vison et d'un sac de cœurs frais.
Dans la rue, qui a ri ? En la cité insigne,
A l'appel indiscret des mains qui te font signe,
Tu as rentré tes crocs, tu caches ton front dur.
L'éventail était blanc, la flûte d'un vert pur.

Esprit échappé, c'est la nuit du bout du monde :
Tu dois y dormir jusqu'à l'aurore blonde.
Nul rêve, nulle peur, nul office sacré,
Nulle drogue au réveil, nul breuvage herbacé.

Sur le seuil, leur épée de pêcher est en flammes.
Tes pinceaux de couleur dessinent rive et lames,
Oublieux de ta peau. Dans de noirs souterrains,
Tu enterres ta peau avec les cœurs humains.
Tes disciples nombreux reforment ton pelage.
Tu respires et vas, muet comme l'orage.

En août, l'eau sourd des toits en un rideau sans fin.
Malgré la pluie on bronze, on fleure le jasmin.
Aux branches du verger on guette quelques pêches.
Les trois petits poissons du bassin, peu revêches,
Allèchent le chat jaune et nuitamment voleur.
Ton manteau abricot a la même couleur,
Et dorés sont les fils de ta flûte verdâtre.
J'ouvre aussi, d'un blanc vieux, ton éventail jaunâtre
Où je lis ce poème autrefois composé
Pour moi-même – ou pour toi, ô esprit échappé.